Témoignages 
 Mois de la communication 2020
           
  
  
“Maître Y, Y, Y, Ysssssabelle, Tru, Tru, Trudeau pour M. ou Mme XYZ”. Eh oui, je suis Me Ysabelle Trudeau, avocate et bègue. Je pratique à mon compte et je fais du litige, c’est-à-dire que je plaide à la Cour régulièrement, comparativement à environ à 90 % des avocats qui ne mettent pas un pied au Tribunal. Du 10 % restant, il y a moi : femme, entrepreneure, courageuse et qui a du cœur au ventre pour défendre la veuve et l’orphelin! Ce n’est pas facile d’avoir de la difficulté à s’exprimer en contexte de travail, surtout lorsque mon principal outil est la parole. Mes plaidoiries ne sont pas toujours fluides, mais elles sont cohérentes et bien fondées en faits et en droit. Mes clients apprécient mon empathie et ma compréhension envers leurs difficultés. Certains juges savent que je bégaie et d’autres non. Si je suis à l’aise, je contrôle mieux ma parole. Les juges, le personnel clérical, les témoins et surtout, mes clients, sont habituellement bienveillants, patients et m’apprécient. Bref, suivre ses rêves, ne pas abandonner et parfois se battre pour ses droits, car le bégaiement est reconnu comme un handicap en vertu des Chartes canadienne et québécoise, me permet d’évoluer dans un domaine que j’aime et d’aider les autres. N’est-ce pas cela le vrai sens de la vie?
 
  
  
 
  
  
 
  
  
Je crois que certaines rencontres et discussions avec des jeunes et des adultes qui bégaient m’ont autant apporté que j’ai pu leur apporter comme orthophoniste. Leur dépassement de soi et leur courage de relever des défis quotidiennement m’ont parfois inspiré à pousser mes propres limites.
Même pour une personne qui ne bégaie pas, l’expérience des exposés oraux ou de rencontrer de nouvelles personnes peut être anxiogène. Personnellement, ça m’a pris jusqu’à l’âge adulte avant d’être réellement à l’aise, voire heureuse, dans ce genre de situations. La vie est ironique : Quand j’ai commencé à travailler auprès d’enfants qui bégaient en centre de réadaptation, une pièce de théâtre avait été montée avec les jeunes volontaires âgés d’environ 6 à 12 ans. Le premier rôle a dû s’absenter quelques jours avant la pièce, ne laissant pas assez de temps pour qu’un enfant apprenne tous les dialogues. Les enfants avaient pratiqué, et leur famille avait hâte de les entendre. Ils relevaient un grand défi. J’ai accepté de jouer le personnage principal, presque la moitié du temps à genoux, devant un amphithéâtre rempli. J’étais tellement fière des enfants avec moi sur scène. À titre comparatif, à leur âge, j’avais le rôle d’un moulin dans une pièce de théâtre au primaire (oui, oui, un moulin gêné qui souffle). Je les ai trouvés inspirants, autant pour les personnes qui bégaient que celles qui ne bégaient pas, à relever des défis. J’étais réellement heureuse de pouvoir contribuer à ce qu’ils se sentent bien en communiquant et qu’ils gardent cette expérience en souvenir comme une victoire.
En conclusion, que ce soit en raison du bégaiement, de l’anxiété ou de toute autre problématique, il n’y a pas d’âge pour sortir de sa zone de confort. On se sent tellement fier et grandi, et quand on peut redonner après, c’est magique.
Stéphanie, orthophoniste
 
  
  
Campagne spéciale : Bégaiement et santé mentale – Parlons-en !
À l’occasion du Mois de l’ouïe et de la communication, nous sommes fiers de lancer une campagne de sensibilisation sur un sujet trop souvent passé sous silence :
le lien entre le bégaiement et la santé mentale.
Le bégaiement, au-delà des disfluidités, le bégaiement peut avoir un impact profond sur l’estime de soi, l’anxiété, les relations sociales et la santé mentale globale. Cette année, nous ouvrons un espace de parole et de réflexion pour mieux comprendre, soutenir et briser les tabous.
Parlons-en.
Parce que chaque voix compte. Parce que personne ne devrait souffrir en silence.
Au programme :
- Témoignages inspirants de personnes qui bégaient
 Serge – Luc et moi.docx
 Murielle – Mon bégaiement fait partie de moi
 David – Parlons malaise pour être bien à l’aise
 Louis – Je me suis réalisé
 Jean-François – J’ai fait la paix avec le bégaiement
 Isaël – Je ne suis pas qu’une personne bègue
 Jean-Sébastien – Je me suis déculpabilisé
- Conférence et discussions avec des orthophonistes et des professionnels de la santé mentale
- Ressources et outils concrets pour les personnes concernées, leur entourage et les milieux professionnels
Rendez-vous tout au long du mois de mai sur cette page et 
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