Le mois de mai signifie le mois de la communication. De ce fait, je voulais vous partager une partie de mon histoire. 

Je suis bègue et j’ai un trouble du spectre de l’autisme. 

Dès l’âge de 3 ans, j’ai eu des suivis hebdomadaires en orthophonie. Vers 9 ans, ces suivis ont été plus axés sur le bégaiement, jusqu’à l’âge de 26 ans. À la fin du primaire et au début du secondaire, il fallait que je fasse des exposés oraux et je bégayais beaucoup. Déterminée, j’ai toujours insisté pour faire mon oral devant tout le monde même si mon enseignant m’offrait de le faire seul avec lui. Depuis ce temps, j’ai plus de contrôle sur la fluidité de ma parole. J’ai toujours été déterminée à être une personne comme les autres. Dans les périodes de stress, j’ai plus de blocages au niveau de ma parole. Je vous donne quelques trucs qui m’aident à vaincre ces blocages. Je prends de grandes respirations pendant quelques minutes. J’essaye de parler le plus lentement possible, même si c’est difficile. Je fais des mouvements avec mon doigt pour bien épeler mes mots. Ces trucs m’aident beaucoup et je suis convaincue qu’il y a beaucoup d’autres façons pour contrôler le bégaiement. C’est très important d’être capable de communiquer avec les mots. Il ne faut surtout pas hésiter à demander de l’aide, car notre parole est importante. 

En décembre dernier, j’ai participé à un événement speed-dating pour la première fois par l’entremise de Facebook. Fonceuse, j’y suis allée seule. Je me suis dit : Aurélie, ne te stresse pas. Tu vas rencontrer d’autres personnes et ça va bien aller. Une fois arrivée à l’événement, j’ai commencé à avoir des blocages. J’avais de la difficulté à dire mon propre nom. Au courant de la soirée, ma parole était plus fluide. C’était sans doute la nervosité qui causait le bégaiement. Les gens étaient compréhensifs et prenaient le temps de m’écouter. Après le speed-dating, j’ai chanté au karaoké et j’ai beaucoup dansé. J’ai eu beaucoup de plaisir et j’ai rencontré des gens super gentils. C’est une belle expérience que je recommande pour les célibataires voulant rencontrer d’autres personnes. 

Pour conclure, il ne faut pas laisser le bégaiement nous empêcher d’aller de l’avant. Il ne faut pas s’empêcher d’aller à des événements et à des activités. L’important, c’est de rester soi-même et de montrer sa propre personnalité. Si jamais il y a du bégaiement, la grande majorité des gens vont comprendre et prendront le temps d’écouter. 

Je ne sais pas si vous le saviez, mais le mois de mai, c’est le mois de la communication. À cette occasion, l’organisme Association bégaiement communication, où je travaille, a demandé aux personnes touchées par le bégaiement de partager du contenu sur le sujet.  

Ayant un bégaiement (aussi appelé trouble de la fuidité), j’ai beaucoup moins de contrôle sur la production de ma parole que le commun des mortels. Il s’agit, autrement dit, d’un dysfonctionnement de la production de la parole. Contrairement à certaines idées reçues, ce n’est pas causé par le stress ou la gêne, mais ces derniers ont, oui, une influence sur lui. Le bégaiement fait partie des troubles neurologiques, aux côtés par exemple de la dyspraxie, de la dyslexie et du syndrome de la Tourette. 

J’ai longtemps caché le bégaiement – ou plutôt, j’ai longtemps tout, tout, tout fait pour le masquer le plus possible. Parce que j’avais honte, je me jugeais anormale, je n’en savais presque rien et je ne connaissais littéralement aucune autre personne qui bégayait.  

À l’âge de 22 ans, j’ai vécu un point tournant dans mon parcours avec le bégaiement. À l’aube d’un échange d’étude d’un an aux Pays-Bas, alors que je venais de déménager dans un autre pays et que je devais m’adapter à une tonne de changements, notamment une nouvelle langue, j’ai réalisé qu’il était intenable de continuer à cacher ainsi ma différence. Bref, je n’arrivais plus à gérer.  

Pour m’aider, j’ai commencé notamment par me joindre à un groupe d’aide aux Pays-Bas, où j’ai rencontré pour la première fois d’autres personnes qui bégayaient (et en néerlandais, en plus!). J’ai aussi rejoint des groupes de soutien virtuels. J’ai commencé à en parler autour de moi. De retour au Québec, je me suis impliquée à l’Association bégaiement communication. Pour moi, c’était des pas de géant. Avant cela, il était hors de question de m’exposer et de révéler ainsi ma vulnérabilité.  

Aujourd’hui, six ans plus tard, je contemple avec beaucoup de joie tout ce que j’ai retiré de cette ouverture. J’ai, par exemple, un réseau de soutien incroyable – aujourd’hui, je peux affirmer que je connais autant de personnes qui bégaient que de personnes qui ne bégaient pas (!), j’ai voyagé à plusieurs reprises pour participer à des congrès sur le sujet, j’occupe maintenant un emploi dans le milieu (à l’Association bégaiement communication, justement), je donne des conférences-témoignages dans des cours d’orthophonie… et, attention, grosse nouvelle : je viens d’être admise à la maîtrise en orthophonie à l’Université Laval. Eh oui, retour aux études dans un domaine qui me passionne à fond la caisse. 

Certainement, tout n’est pas rose tous les jours. Il y a des moments plus difficiles que d’autres. Certains jours, je suis fatiguée et je choisis mes batailles. Certains jours, j’ai honte, et je me sens niaiseuse d’avoir honte. J’apprends aussi à être douce avec moi-même. 

Depuis que je bégaie plus ouvertement, je me rends compte que, comme mon énergie n’est plus gaspillée à orchestrer toutes sortes de tactiques farfelues pour cacher ma différence, je suis plus présente à moi-même, plus attentive à l’autre, plus dans une relation de partage que je ne l’étais auparavant. J’ai aussi appris à faire preuve d’ouverture : tout le monde ne peut pas connaître le bégaiement, et il faut pardonner les faux pas lorsqu’ils arrivent. Par contre, j’apprends à me permettre d’être une ambassadrice de la cause lorsqu’il le faut. 

En ce mois de la sensibilisation à la communication, je me sentais inspirée à écrire un petit quelque chose sur ce sujet qui me touche particulièrement. Si jamais vous rencontrez quelqu’un qui ne parle, n’entend ou ne réagit pas « comme tout le monde », ne faites pas seulement l’accueillir comme il est : enrichissez-vous de son rapport différent au monde. Ce qui est beau, c’est de voir ce « comme tout le monde » s’agrandir d’année en année, de voir ses limites devenir de plus en plus floues, de plus en plus libres, de plus en plus éclatées. On a tous notre place dans la mosaïque vivante de ce « comme tout le monde ». Faites la vôtre. 

Je m’appelle Mouhamadou bachirou Dieng.  

Les débuts de mon handicap vocal (bégaiement) n’ont pas été faciles du tout. Mes amis pensaient naturellement que je faisais exprès de bégayer.                                                 

En classe comme dans la cour d’école, il m’était difficile, voire impossible de sortir un mot de ma bouche pour communiquer avec mes camarades. Notre maîtresse tenait, comme par ironie, à ce que je récite des lectures chaque jour, parce qu’elle croyait comme les autres que bégayais par exprès pour éviter de participer en classe.                          

Vouloir nier le bégaiement relevait de l’ineptie. En bon joueur social, j’ai compris l’enjeu de cette situation, qui est de me pousser à dépasser mes limites les plus objectives. Pensons de cette manière! Peut-être que le souci et l’amour de soi dans des situations difficiles permettent de réaliser le potentiel qui nous caractérise davantage.   

J’étais à vrai dire parfois dans l’impossibilité de poser des questions ou bien de répondre à celles de mes professeurs. Mais parce que j’ai toujours considéré l’activité que j’exerce comme une mission, j’ai commencé à entamer un travail de sensibilisation. Une fois adulte, cette volonté de sensibilisation s’est traduite par mon initiative Ambassadeur des handicapés vocaux. Je vous invite d’ailleurs à consulter ma page Facebook « Ambassadeur des handicapés vocaux du Sénégal » au https://www.facebook.com/Ambassadeur-des-handicap%C3%A9s-vocaux-du-S%C3%A9n%C3%A9gal-2418110891744116/?ref=page_internal  

J’aimerais aussi attirer l’attention sur les milliers de jeunes présentant un handicap pour qu’ils croient en eux, qu’ils deviennent des protecteurs et des défenseurs du handicap dans leur communauté.  

La parole est importante, et on peut agir tout en présentant un bégaiement. La conscience dans l’action, l’amour de soi et des autres, la confiance en soi et en les autres, un esprit positif, la reconquête de sa propre légitimité sont des éléments fondamentaux de la communication, bien plus que la fluidité.    

Malgré mon handicap, j’ai toujours été au-devant de la scène médiatique, notamment en participant à plusieurs reportages télévisés, pour défendre la cause des handicapés vocaux. Ne soyons pas complexés, sortons de notre zone de confort et agissons. Il faut que les gens sachent que le bégaiement n’est pas une entrave à la réussite.