La méditation pleine conscience présente plusieurs bienfaits dans l’expérience du bégaiement, tant dans un moment de bégaiement lui-même que dans l’expérience globale de vivre avec un bégaiement. Lorsqu’on bégaie, pendant un moment de bégaiement, on peut avoir, vivre et ressentir toutes sortes de pensées, parfois stressantes, voire anxiogènes : « je n’arrive pas à dire ce mot », « vite, ce bégaiement doit se terminer », « j’ai l’air de ceci ou de cela », etc. Ces pensées — une réaction normale en tant qu’être humain — engendrent des émotions désagréables chez la personne qui bégaie, comme le stress ou la honte. Souvent, on peut même se sentir coupable d’avoir de telles pensées. On en vient à juger ces pensées (« je suis faible de me sentir stressé.e en ce moment »). Par la pleine conscience, le fait de laisser ces émotions et pensées exister, dans le moment présent, sans les juger, en les observant avec curiosité, peut être très libérateur pour la personne qui bégaie et diminuer l’ampleur de l’émotion désagréable. Ainsi, la pleine conscience libère des ressources cérébrales qui seraient autrement occupées par les pensées et émotions non désirées. En effet, nos capacités d’attention et de concentration ne sont pas infinies. Par exemple, lorsque nous ressentons un stress, voire de l’anxiété, une importante partie de nos ressources cognitives sont prises par ces émotions et pensées.

En nous entraînant, par la pleine conscience, à les accueillir sans les juger, nous libérons de l’espace pour autre chose : être plus présent.e dans l’interaction avec l’autre ou davantage connecté.e à nos propres idées et intérêts, par exemple. La pleine conscience permet de créer un espace entre le stimulus (par exemple, quelque chose qui crée un stress) et notre réaction ou réponse à ce stress. Le bégaiement est une expérience corporelle, mais souvent, on se déconnecte de notre corps lorsqu’il se produit. Quand on bégaie, on peut ainsi réagir « automatiquement » au bégaiement en poussant un blocage par exemple, et on peut se perdre dans un flou de pensées et d’émotions désagréables (que l’on appelle le « pilote automatique »). La pleine conscience nous donne le pas de recul et la liberté de faire un choix quand on bégaie : on peut par exemple, observer sans jugement le bégaiement, identifier où se trouve la tension dans notre corps, l’accueillir et tenter de la diminuer, accepter que le bégaiement soit présent, choisir consciemment de maintenir le contact visuel avec l’autre, prendre conscience des pensées qui surviennent, ralentir notre rythme, allonger une syllabe, etc. En somme, on peut faire des choix pour que l’expérience du bégaiement soit plus confortable, davantage selon nos propres conditions. Ainsi, chez les personnes qui bégaient, adultes comme enfants, la pleine conscience présenterait plusieurs avantages et bienfaits, comme :

· La capacité de faire de meilleurs choix quant à nos désirs;

· De modifier la relation avec nos pensées (en lien avec soi-même, la communication, le bégaiement);

· De cultiver la compassion envers le bégaiement et envers soi-même;

· D’être plus conscient.e et présent.e envers ses propres réactions envers le bégaiement et les sensations physiques liées;

· De mieux faire face aux conséquences sociales du bégaiement, de se sentir plus outillé.e.s pour y réagir, de développer des stratégies d’adaptation efficaces en ce sens;

· D’identifier les émotions négatives, de mieux les accueillir et y réagir;

· De diminuer les réactions négatives, la rumination et les symptômes dépressifs et anxieux;

· D’éviter d’entrer dans un cercle vicieux de réactions négatives en reconnaissant la pensée de départ (ex. « Les gens vont rire si je fais ma présentation ») et en s’y dissociant, en reconnaissant qu’il ne s’agit que d’une pensée et non la vérité absolue;

· De diminuer l’évitement (du bégaiement lui-même, de situations sociales, etc.) et ainsi de s’exposer et d’aller vers ce qui est important pour soi;

· D’augmenter la régulation émotionnelle;

· D’augmenter l’acceptation du bégaiement;

· En somme, d’augmenter la qualité de vie et le bien-être dans la communication.

Sources : Boyle, M. P. (2011). Mindfulness training in stuttering therapy: A tutorial for speech-language pathologists. Journal of fluency disorders, 36(2), 122-129. https://doi.org/10.1016/j.jfludis.2011.04.005

Cheasman, C. (2013). A mindful approach to stammering. In C. Cheasman, R. Everard & S. Simpson (Eds.), Stammering therapy from the inside: new perspectives on working with young people and adults. J & R Press.

Kabat-Zinn, J. (2015). Mindfulness. Mindfulness, 6(6), 1481-1483. https://doi.org/10.1007/s12671-015-0456

Rassart, F., & DESPRET, M. P. (2014). L’apport de la « pleine conscience » dans la thérapie du bégaiement : de la théorie au vécu personnel : Les bégaiements : données actuelles. ANAE. Approche neuropsychologique des apprentissages chez l’enfant (130), 287-295.

Tout d’abord, il est normal que des pensées surviennent lorsque l’on médite. Le but de la méditation, ou de la méditation pleine conscience, n’est pas d’éliminer les pensées ou de vider son esprit. Il y aura toujours des pensées dans notre esprit. Plutôt, l’objectif de la méditation pleine conscience est de concentrer son attention sur un ancrage (la respiration, les couleurs des feuilles dans les arbres, etc.) afin d’y être pleinement présent.e, de l’observer sans jugement, d’accueillir dans la bienveillance les émotions et les sensations corporelles, etc. Un conseil pour bien accueillir les pensées – qui vont, vraisemblablement, à un moment ou à un autre, commencer à vagabonder – est d’abord:

1) en prendre conscience sans jugement « ah, tiens donc, je réalise que je pensais complètement à autre chose »,

2) se remercier d’en avoir pris conscience,

3) sans jugement et dans la bienveillance, ramener notre esprit à l’objet choisi de notre attention.

La pratique de se remercier soi-même permet également de demeurer dans une attitude de bienveillance et de non-jugement, un des sept piliers de la méditation pleine conscience (voir question « Quelle est la différence entre méditation et pleine conscience? » dans la présente Foire aux questions).

La méditation consiste à concentrer son attention sur une chose (par ex. la respiration). Elle est souvent décrite comme une pratique ou un entraînement. Dans une séance de méditation, on peut remarquer que notre esprit commence à vagabonder. La méditation nous apprend à remarquer notre esprit qui vagabonde et à le ramener sur l’objet souhaité de notre attention (aussi appelé « ancrage », par ex. la respiration).

La pleine conscience, quant à elle, est le résultat de cette action. Elle est définie par John Kabat-Zinn (médecin et fondateur des thérapies pleine conscience) comme l’action de « “faire attention” d’une manière particulière : délibérément, au moment présent et sans jugements de valeur ». Cette aptitude à la pleine conscience peut s’appliquer de mille et une façons dans la vie quotidienne : lors d’une promenade, en faisant la vaisselle, dans une conversation… En étant conscient·e de l’objet de notre attention et en l’y ramenant, on peut observer les sensations physiques (en utilisant un ou plusieurs sens : vue, ouïe, toucher, odorat, goût) et les émotions ressenties, dans une attitude de curiosité, d’ouverture et de non-jugement sur ce qui se passe autour de nous. La pratique de la pleine conscience inclut 7 piliers : le non-jugement; la patience; l’esprit du débutant; la confiance; le non-effort; l’acceptation; le lâcher-prise.

Ainsi, la méditation et la pleine conscience peuvent se pratiquer de façon distincte. Le terme englobant « méditation pleine conscience » renvoie à un exercice de méditation (invitant par exemple à se concentrer sur un ancrage, comme la respiration) incluant la pleine conscience (qui appelle à être pleinement présent·e, attentiv·e aux sensations et aux émotions, dans une posture curieuse, ouverte et dénuée de jugement).

Absolument pas! Nous proposons de commencer par les « méditations pour débuter » afin de se familiariser avec des concepts piliers comme la respiration et le lâcher-prise. Mais sentez-vous bien libre de naviguer dans les différentes méditations à votre guise, selon vos besoins du moment.

La méditation, ou la méditation pleine conscience, c’est une façon d’entrer dans son monde intérieur. Au début de la pratique, il est possible qu’on trouve cet exercice ennuyant. Mais au fil du temps, plus on apprend à porter attention à ce qui se passe à l’intérieur et autour de nous, plus on peut arriver à voir la richesse dans le fait d’être attentif et attentive aux sensations, pensées et émotions présentes dans l’instant. Cela dit, la méditation et la pleine conscience, comme toute chose, ne conviennent pas nécessairement à tout le monde.

Si vous ressentez une curiosité ou un intérêt envers ces pratiques, sachez qu’il y a de nombreux bienfaits pour l’expérience vécue du bégaiement. Mais si vous ne vous sentez pas tellement attiré.e par la méditation ou la pleine conscience, c’est très valide aussi.

Absolument pas! La méditation n’est pas une compétition, et elle peut se faire partout. Même, par exemple, dans un moment de bégaiement, au Tibet ou non!